29/01/2009

Un institut spécialisé démarre ses activités à Taounate

· Unique établissement en Afrique et dans le monde arabo-musulman

· Plus de 20 conventions de partenariat signées


LES plantes médicinales et aromatiques, voilà un secteur peu connu au Maroc. Et pourtant, «plus de 4.200 variétés de plantes y existent, dont 826 sont exploitées traditionnellement, et 30% à peine commercialisées. De plus, 90% de ces plantes se trouvent à l’état sauvage et 10% seulement sont cultivées», indique Mohamed Hmamouchi, directeur de l’Institut national des plantes médicinales et aromatiques (Inpma), qui vient de démarrer officiellement ses activités dans la région de Taounate. Selon lui, le marché est occupé par six grandes sociétés, telles que le numéro 2 mondial Maroc Extraction et Naturex (Nouaceur), Bioland (Khémisset) ou encore Arômes du Maroc (Casablanca, Kelaat Mgouna, Khémisset…). Les chiffres disponibles, et qui remontent à 2005, indiquent que le Maroc a exporté pour 900 millions de DH et importé l’équivalent de 400 millions de DH. «Le Royaume réimporte en fait, sous forme de produits finis, ce qu’il exporte comme plantes brutes», souligne le directeur de l’institut. De plus, le secteur est marqué par l’anarchie. «En effet, il est caractérisé par l’existence de plusieurs types d’intervenants: des ramasseurs, des intermédiaires, des distillateurs, de grosses sociétés et de nombreuses associations. Et aucune coordination n’existe entre eux. Il est donc grand temps de remettre de l’ordre dans le secteur», déclare Hmamouchi, titulaire du Premier prix de l’Isesco pour l’édition de son livre «Plantes aromatiques et médicinales marocaines». Par ailleurs, plusieurs départements ministériels sont impliqués: Education nationale et Enseignement supérieur, Agriculture, Eaux et Forêts, Santé, Commerce et Industrie. La création de l’institut vient donc à point nommé. En effet, cet établissement spécialisé, unique en Afrique et dans le monde arabo-musulman, a pour mission de mettre en œuvre la stratégie nationale dans le secteur des plantes médicinales et aromatiques (PMA).
Il s’agit pour les dirigeants de l’Inpma d’entreprendre et de conduire des projets de recherche et de développement, de créer des zones pilotes de conservation et d’exploitation des PMA sous forme de PME. La promotion des pépinières de projets aux niveaux régional et national, ainsi que la formation spécialisée relèvent également des attributions de l’institut. Ce dernier organise, par ailleurs, des rencontres scientifiques et des expositions dans le secteur des PMA et met en place des partenariats avec des organismes nationaux et internationaux. Il a d’ailleurs déjà signé 20 conventions dans ce sens. Ces accords impliquent, au niveau national, des associations et des industriels. Et à l’échelle internationale, l’Inpma est lié par des accords avec la Coopération française, l’Union européenne, des universités belges, suisses, italiennes et françaises, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), dont le département spécialisé dans les plantes médicinales a inventé le Taxol, médicament anticancéreux.
La filière des PMA pourra devenir un des leviers du développement du fait qu’elle touche à plusieurs domaines importants comme la santé, la pharmacie, la médecine, la nutrition, l’agroalimentaire, la biotechnologie, la biodiversité… «Nous sommes convaincus qu’elle pourra constituer un secteur de diversification à forte valeur ajoutée pour le Maroc. De plus, elle peut créer une dynamique pour le développement régional et contribuer à la création d’emplois et de PME». Plusieurs secteurs rentables sont, ainsi, visés. Il s’agit de l’herboristerie, de l’industrie des épices, de la cosmétologie, de la parfumerie, industrie des additifs alimentaires, de la phytothérapie et aromathérapie, de la pharmacie et de la parapharmacie…
L’Inpma offre une large gamme de prestations, allant de la formation continue, à l’aide à la mise en place des techniques d’extraction, en passant par le développement de partenariats, et la création de produits innovants. L’institut procède à l’accompagnement des associations, des coopératives et des industriels. Par ailleurs, l’Inpma a mis en place un incubateur pour soutenir les jeunes porteurs de projets.

Portrait

LA construction de l’Inpma a nécessité un budget de plus de 54 millions de DH. L’établissement, qui relève du ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, s’étend sur une superficie totale de 25 ha. La surface construite est estimée à 4.000 m2, sans oublier les halls technologiques, grands de 1.500 m2, dédiés, entre autres, à la production des huiles essentielles, des extraits, aux laboratoires d’expérimentation scientifique. Le staff comprend des enseignants universitaires, des ingénieurs agronomes, des ingénieurs de production, des techniciens et des administrateurs.

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